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Jérome Simian

Philosophie, système, méthodes et outils, dans cet ordre, oui...

Lorsqu'on débute comme jeune entraîneur, à moins d'avoir la chance de grandir sous l'aile d'un mentor, on possède des outils en lieu de philosophie. A mesure que l'on s'investit et réfléchit viennent des principes. Ceux-ci se muent petit à petit en philosophie. De cette philosophie découle un ou des systèmes. Pourquoi est-il important de posséder un système? Simplement parce qu'il permet à l'expérience de servir à quelque chose, d'accumuler 20 ans d'expérience plutôt que d'avoir 20 fois un an d'expérience. Un système peut être modifié, amélioré, renforcé, mieux qu'un assortiment plus ou moins hasardeux de "méthodes". Les sportifs qui entreprennent de se préparer au sein de mon système aujourd'hui bénéficient ainsi de l'expérience accumulée. Que les anciens me pardonnent, il est vrai que les nouveaux bénéficient d'un meilleur service aujourd'hui que je n'ai pu leur fournir à l'époque. Merci à eux, ils ont parfois essuyé les plâtres même si ma première victime d'expérimentation fut toujours moi-même. Mes douleurs en témoignent.

En 1996, je me souviens avoir lu un article du NSCA journal of strength and conditioning qui présentait le graphe suivant .

J'en fus marqué et il resta toujours dans un coin de ma tête comme un phare guidant tous mes virements de bord méthodologiques et l'assimilation de toutes les nombreuses influences que ma soif d'apprendre m'a poussé à accueillir.

La partie gauche de la courbe représente la portion excentrique du mouvement, la décélération. La partie droite la portion concentrique du mouvement, l'accélération. La qualité de l'athlète s'illustre par une pente très raide des deux parties c'est à dire un temps de décélération très court avec peu de transition vers une accélération très rapide produisant beaucoup de force/ vitesse en un temps le plus court possible avec un pic le plus haut possible. La courbe rouge représentant une performance supérieure à celle en bleu.

La droite et la gauche sont la cible de bien des méthodes de développement de forces. Cependant, à mon sens, la partie essentielle et première est celle du centre, la transition en jaune sur la courbe. Je dois à mes échanges avec Jay Shroeder la notion de position. La position est différente de la posture. La posture est une stratégie de gestion de la gravité. La position est l'arrangement des segments du corps permettant l'action efficiente à un moment donné du geste. Chaque étape du mouvement sportif est composée d'une position et d'une action / intention. Il est de ma conviction qu'il existe une façon optimale de bouger, basée sur certains fondamentaux de position. Les meilleurs athlètes sont ceux qui maintiennent les meilleures positions soumis aux forces et aux vitesses les plus grandes, le plus longtemps possible si nécessaire.

Le premier des apprentissages dans le système est la capacité d'adopter ces positions et de contraindre la structure dans celles-ci. Divers moyens sont utilisés et ceux -ci ne sont pas l'objet de cette article. Mais l'important est de retenir qu'il est illusoire de vouloir enseigner la technique d'un sport à vitesse réelle si l'athlète n'a pas la capacité physique d'adopter ces positions.

Ainsi on ne peut courir comme Carl Lewis ci contre si l'on ne possède l'extension de hanche démontrée sur la photo. Ce principe de base est constamment renforcé à toutes les étapes du système.

L'étape suivante est de rendre l'athlète capable d'entrer dans ces positions très rapidement sans qu'elle ne se déforment sous l'action de forces importantes. Une gradation de forces est utilisée dans ce cas pour augmenter l'habileté de l'athlète à absorber de grandes forces . Elles forces sont nécessaires pour la restitution ultérieure. D'où l'importance de l'habileté précédente de mise en contrainte de la position. Cette étape est souvent celle qui empêche la pédagogie technique d'être efficace. La pédagogie, avec raison d'ailleurs, est la formation de l'intention de l'action prochaine. Sa réalisation est partiellement dépendante du point de départ.

Enfin lorsque l'athlète assimile ces habiletés, vient le moment de la restitution des forces dans la partie productive, spectaculaire du mouvement, la partie droite de la courbe. Le moment où le corps se projette, l'engin est expulsé , ce que voit et admire les foules, ce qui est la cible de la plupart des méthodes d'entraînement. Cette partie complète la 'mise en tension- renvoi' cher à l'école dijonnaise de M. Piron, une autre de mes influences importante. Cette phase est caractérisée par des contraintes de temps de développement de forces minimum à la bonne performance. Mais si la lecture de cet exposé apporte une seule chose c'est la conscience que cette phase est intimement liée à la réussite des précédentes.

Dans le cadre de cette philosophie générale peuvent s'inscrire alors tous les outils nécessaires à l'enseignement de ces habiletés. S'inscrivent aussi toutes les situations sportives ou non sportives d'ailleurs, celles du mouvement humain en général. Les différences se situent sur les niveaux des forces, sur le temps permis à leur développement par le contexte du mouvement, sur la possession ou non des prérequis de positions, d'absorption et de restitutions de forces des différents sujets. Les méthodes et outils s'inscrivent comme des moyens d'accession à ces habiletés. Il devient alors plus aisé d'intégrer les nouvelles méthodes ou outils lorsqu'un tel cadre est formé et de voir à quelle étape du système elles le peuvent . Les livres et l'internet sont remplis de catalogues de moyens, outils et méthodes. Ce qu'il manque presque à chaque fois est un cadre conceptuel permettant leur utilisation pertinente. Car toutes marchent dans le bon contexte. Amis entraîneurs! Cela explique aussi parfois mon manque de volonté de répondre simplement et de façon courte lorsqu'on me questionne sur la validité ou l'utilité de telle ou telle méthode, arrangement de moyen etc.. Ces réponses, pour être honnêtes, présupposent la mise en place du contexte. Et cela requiert souvent plus de temps que disponible. Ce n'est pas juste parce que je suis bourru et plein de secrets.

La philosophie c'est là que ça se gagne!

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