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Interview par FreelapUSA


Freelap USA: Comment évaluez vous les athlètes. Quelles erreurs pensez vous font trop souvent les entraîneurs dans ce domaine ?

Jerome Simian: Le but premier de l’évaluation est de chercher des opportunités de progrès. Au lieu de dire que les sportifs ont besoin d’être plus fort pour améliorer leurs capacités d’accélération, par exemple, je recherche qu’est ce qui , du point de vue de cet individu le limite dans l’expression de cette qualité. Cela est vrai pour quelconque aspect de la performance qui doit progresser. Je construis donc une sorte de tableau de bord avec différentes mesures et tente d’en cibler quelques une qui produiront les meilleurs effets à court terme.

Pour ce qui est des tests en eux-même, il n’y a pas grand-chose de nouveau. Tout l’art étant dans l’évaluation du potentiel de la qualité testée d’améliorer la performance finale. J’utilise des tests comme la batteries de tests de Bosco, des tests de neurologie, des tests musculaires, sauts multiples, analyses de temps intermédiaires, analyse vidéo et beaucoup d’observation des athlètes pratiquant leur discipline. Je les regarde bouger, un bon œil, c’est important !

Rien de très révolutionnaire en somme. La chose est que j’inspecte peut être tout ces tests de façon différente et en choisi quelques-uns qui sont pertinents au contexte du sportif. En mon sens l’erreur est souvent de tirer des conclusions à partir de chiffres bruts. J’ai fait ça pendant longtemps, mais le problème est que la fatigue et la motivation du jour, que l’on ne contrôle pas toujours, influencent ces chiffres trop pour les rendre valides. Aujourd’hui je m’intéresse plus aux relations entre les différents tests plus qu’à leur valeur. Cela me donne une meilleure idée d’où mener la barque.

Freelap USA: L’équilibre structurel est un vaste sujet. Pourriez vous élaborer sur la façon dont vous entraînez les sportifs pour les rendre performant et durable ? La plupart des entraîneurs vont inspecter les équilibre antéro/ postérieurs, droite/ gauche, supérieur/inférieur. Mais vous poussez le bouchon plus loin et les rendez efficaces.

Jerome Simian: Dès le début de ma carrière, Charles Poliquin m’a sensibilisé à la notion d’équilibre structurel à une époque où ce n’était pas encore « sexy », qu’il fallait rechercher le maillon faible et le renforcer. J’ai appris plus tard au contact de Jay Schroeder que c’était plus la coordination autour de l’articulation , c’est à dire les séquence de contraction/ relâchement, qui importait. Le concept de force net, bien que j’en ai entendu parler pour la première fois par Charlie Francis sur son vieux forum du début des années 2000.

Inspecter les équilibres des différents plans est un bon début. C’est parfois un peu plus complexe que cela, cependant. Il faut prendre en considération l’influence réciproque de structures éloignés. Il faut avoir en tête que le corps marche comme un ensemble. Je n’utilise pas le FMS parce qu’à l’école je faisais mes devoirs sur du papyrus et que j’avais déjà développé mon propre système d’évaluation lorsque c’est devenu populaire, mais je pense que toutes ces tentatives vont dans le bon sens.

Ce que je fais peut-être différemment dans l’entraînement, c’est que je vois la normalisation du mouvement comme la source principale d’amélioration de la performance alors que la plupart des entraîneurs y dévouent une partie annexe de l’entraînement. Je ne fais pas de distinction entre « le rééquilibrage » et la préparation physique. Pour moi c’est le plat principal. Quoique cela requiert. Je me moque d’avoir à faire faire des biceps à un athlète si je pense que cela va lui faire gagner une médaille. Si on développe une bonne capacité à trouver et améliorer agressivement les déséquilibres, on est récompensé par de meilleures performances ainsi que d’effets bénéfiques parfois surprenants.

Par exemple Kevin agace ses partenaires d’entraînement en arrivant à 9.30 le matin sur la piste, en tongues, qu’il troque pour des pointes et sans plus de cérémonie ni échauffement passe des haies à 1,07, comme ça. En était-il capable il y a quelques années ? Non ! Il en est juste qu’il a atteint un équilibre structurel suffisant pour pouvoir le faire sans « échauffement » spécial. C’est sa base. Non seulement c’est sûrement un avantage au cours de deux jours d’épreuves et 10 disciplines mais c’est aussi la marque d’un ensemble structurel équilibré. Notons cependant que cet équilibre n’est pas statique mais bel et bien dynamique et que bien des choses peuvent le perturber.

Freelap USA: L’art du squat complet semble se perdre et beaucoup d’entraîneur l’abandonne trop rapidement. A

part l’évident bénéfice d’augmentation de la force, pourriez vous développer les raisons pour lesquels cet exercice aide les athlètes à rester en bonne santé ?

Jerome Simian: Acquérir l’amplitude nécessaire à un squat complet et techniquement très strict améliore l’interaction entre les hanches, le bassin et le rachis. Cela veut dire que les rapports de raideurs des différents tissus autour de ces articulations sont relativement équilibrés. Il est très important que la position base soit optimale ET que la montée soit exécutée avec une technique parfaite. Les sportifs n’ont rien à gagner à sacrifier moindrement la technique en faveur de charges plus lourdes, mis à part peut être dans le cas de la force athlétique.

Je préfère la pratique du squat complet la majorité du temps car il force une activation proximo- distale depuis le bas et implique plus fortement les muscles de la hanche. Je vois beaucoup d’athlètes dont la séquence de triple extension du membre inférieur se voit perturbée par la pratique abusive de squats en amplitude réduite. Le genou s’étend légèrement en avance par rapport à la hanche. Cela mène à des problèmes dans les sauts et les départs en start ou en position arrêté en général. De plus, à moins que l’intention soit un squat de force athlétique avec une barre basse en poussant le bassin vers l’arrière initialement, la descente doit se faire en fléchissant, dans l’ordre , les chevilles, les genoux puis les hanches. Si l’ordre n’est pas respecté, la tendance est pour les articulations qui se sont fléchies en dernier de s’étendre en premier et dans le cas du squat type force athlétique, les genoux vont s’étendre en avance sur la hanche. Ceci est augmenté par le fait que cette technique en barre basse permet des charges plus lourdes et afin que la barre ne glisse pas vers l’arrière en haut du mouvement, l’athlète va maintenir une légère flexion vers l’avant et ainsi ne jamais étendre complètement sa hanche en gardant un bassin en antéversion, genoux tendus ! Schéma tout à fait délétère à la performance sur la piste et acquis par une force développée trop souvent dans le cadre de cette technique de squat. En résumé acquérir une technique parfaite en squat barre haute a de nombreux bienfaits que sa pratique renforce.

Freelap USA:Il est parfois difficile pour les athlètes de prêter attention aux comportement périphériques à l’entraînement tel la nutrition ou la récupération. Pouvez vous expliquer comment vous éduquez les sportifs à faire les efforts nécessaires dans ces domaines là ?

Jerome Simian:En ce qui concerne mesurer régulièrement est essentiel. L’image corporel et la nourriture sont si liés aux émotions que les sportifs ne sont pas objectifs avec eux mêmes. Voir le résultat de leur comportement en données chiffrées aide grandement à l’adoption des comportements adéquats. Par ailleurs si vous calculez la puissance de course vous pouvez facilement prédire à un coureur à pied dans quelle mesure ses temps se verraient améliorés si il perdait le « saint doux » !

J’aime suivre la VFC et les plis cutanés. La plupart des athlètes motivés y répondent positivement en terme de comportement. La pression du groupe ne doit pas être sous estimé comme force positive. Ceux qui ont suivi le processus et connu le succès sont les premiers à pousser les autres au changement. Cela aide à créer une culture favorable autour de ces domaines périphériques à l’entraînement même.

Il est important qu’ils voient les conséquences à la fois des comportements positifs et nagatifs, sans jugement, juste dans les chiffres. Je tente d’encourager le calme et mla responsabilité autour d’un sujet qui est parfois délicate notamment chez les athlètes féminines dans des sports comme le patinage artistiques par exemple où les troubles alimentaires sont endémiques. Un autre exemple en est le fait que beaucoup de jeunes femmes ont de grandes difficulté de performance dans lors de leurs menstruations. Cela est très commun mais cependant pas normal. J’ai l’exemple d’une athlète qui avait des cycles assez inconfortable et dont la hantise était d’avori une compétition ce jour là. D’ailleurs chaque fois que cela arrivait, ses performances étaient médiocres. Après avoir procédé à des changements d’ordre nutritionnel et comportemental, elle a gagné des médailles en championnats du monde et aux jeux olympiques toutes deux lors de ce, autrefois, tant redouté 1er jour de menstruation.

Et ceci est une histoire que je peux partager avec une athlète pour l’aider à changer. Je peux aussi utiliser le changement de composition corporel de Kevin Mayer comme facteur de ses progrès en vitesse de course. Il est nécessaire de leur donner une histoire qui leur parle et dont ils peuvent se sentir suffisamment proches afin de lancer le mouvement et par la suite, bien faire attention à ce qu’il remarque la progression. Le plus de succès ils rencontrent dans leur démarche , le plus aisé il est pour eux de s’y tenir.

Freelap USA: Charles Poliquin fut l’une de vos influences certaines. Pouvez vous nous dire comment il a guider votre démarche d’entraînement d’aujourd’hui ? De quelle autre façon vous a-t-il aussi aidé ?

Jerome Simian: Mes tout premiers pas dans le métiers ont été fait lors d’un cours tenu par Charles. Il y a 23 ans, sa philosophie était dèjà de chercher le facteur limitant – l’équilibre structurel- alors que peu s’en souciait. A l’époque, pour la plupart, c’était squat, couché, épaulé debout et baste ! Il prêchait l’importance d’une technique parfaite en musculation pour l’amélioration de la performance sportive. Une chose qui m’a marqué au début est qu’il disait que « le culturisme c’est le système endocrinien mais le sport c’est le système nerveux ! » ça m’est vraiment resté.

Je dois à Charles de m’avoir mis sur la bonne voie dès le départ, de m’avoir mis dans l’état d’esprit que je possède toujours aujourd’hui. C’est lui qui a porté à mon intention Jay Schroeder en 2004 et Jay est devenu une autre de mes influences majeures.

Charles avait un savoir encyclopédique en terme de complémentation alimentaire. Bien que mon utilisation des compléments alimentaires soit plus restreinte pour des raisons économiques ainsi que de culture différente, j’ai appris de lui autant que je pouvais dans ce domaine afin de pouvoir être précis et frugal dans mes recommandations.

Ces dernières années avec l’instantanéité des messageries, il s’était montré disponible et très généreux de conseils. La dernière fois que j’ai sollicité son avis fut 3 jours avant sa mort. D’un point de vue plus personnel, lorsque Charles vous complimentait sur votre travail cela avait une certaine valeur pour moi car ses attentes étaient très élevées. Même si je ne recherche pas la validation d’autrui d’une manière générale, il faut bien reconnaître que c’était motivant.

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