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  • Jérome Simian

Préparation physique et golf.

Un des aspects agréables de ma pratique professionnelle est de voir les sportifs de différentes disciplines interagir dans mes locaux et échanger, s'interroger mutuellement sur leurs sports respectifs. Les golfeurs intriguent toujours un peu les autres. Il est vrai qu'à première vue, les qualités physiques ne paraissent pas essentielles dans la réussite golfique. D'autant plus que l'image de certains champions parfois ventripotents- bien que plus rares aujourd'hui – a participé à ce préjugé. Il est vrai que les pré-requis de puissance sont comparativement bas et ceux d'endurance quasiment nuls lorsqu'on les compare à d'autres disciplines et cela peut faire douter certains de la nécessité de la préparation physique chez les golfeurs. Cependant cette puissance doit s'exprimer dans un schéma moteur dont la marge d'erreur est extrêmement faible. Et c'est là la difficulté de ce sport. La surface de frappe idéale sur un club est très réduite et un décalage d'une distance infime produit des déviations de trajectoire, des pertes de distances. Sur les grands tours pros un seul coup de différence par jour, sur plusieurs jours, fait la différence entre le déficit et les gains, entre la réussite et le succès. La tête de club doit toucher la balle par l'intermédiaire d'une toute petite zone et ceci à des vitesses approchant les 180 km/h. Il n'y a pas beaucoup de temps pour ajuster et réduire la vitesse veut dire utiliser des clubs moins précis dans son approche, rendant la tâche de jouer sous le par plus difficile, d'où l'obsession de la distance chez les jeunes golfeurs.

En quoi la PPG peut-elle aider le golfeur dans cette tâche? Pour être clair nous ne parlons pas de faire des footings et du vélo. Ces activités n'ont aucun transfert sur la performance en golf. Si la fatigue est un facteur parce qu'il faut marcher pendant 18 trous, dans ce cas, on a d'autres problèmes qui relèvent de la santé plutôt que de faire descendre son index! La discussion suivante se porte sur l'amélioration du jeu d'un joueur qui n'a pas de peine a arpenter un parcours de golf.

De façon transversale dans tout sport, la technique est reine. Encore plus en golf. Mais comme dans presque chacun des articles que j'écris je rappelle que:

Le geste juste est une série de contractions et relaxations musculaires qui s'effectuent dans la bonne séquence, au bon rythme et à la bonne vitesse en fonction d'une intention préétablie.

Chez un golfeur avec un swing bien établi, qui a été construit par des dizaines de milliers de répétitions et ayant prouvé son efficacité, le rôle de la PPG sera de nourrir de puissance ce schéma déjà efficace. Gagner en distance est important comme nous l'avons mentionné plus haut. Même si la taille du golfeur, ses leviers notamment jouent un grand rôle, il est tout à fait possible d'allonger tous ses coups par du travail général.

L'ajustement des jeux de tensions des différentes chaines musculaires est essentiel dans la réduction de la « variabilité » technique. Il est de mon opinion qu'un bon joueur de golf qui voit sa balle se dévier n'a pas soudainement oublié sa technique. J'ai pu vérifier dans mon travail au niveau professionnel que, plutôt que de changer les intentions techniques et saboter la confiance du joueur en son swing, il est plus sain et efficace de lui prescrire des exercices de PPG qui ajuste ces tensions afin de lui permettre de retrouver l'état normal du swing et ainsi redresser la balle.

Cette opinion choque parfois les pro de golf. Cependant, loin de moi l'idée de me substituer à eux, il y a bien d'autres facettes du jeu de golf dans lesquels un pro expérimenté est nécessaire. Je rappelle aussi que je parle d'un sujet qui possède déjà un bon swing. Il y a bien fallu qu'un pro le lui enseigne auparavant. Cette approche a l'avantage de garder la confiance du joueur dans les intentions techniques qui lui sont familières. Il est en effet difficile d'avoir une grande sureté de jeu avec de nouvelles intentions dans des coups sous haute pression. Et le golf, se gagne et se perd avec ces coups là. L'infime erreur est dommageable!

La PPG n'est pas seulement utile aux bons joueurs. Il arrive souvent comme dans d'autres sports que le golfeur n'ait pas les moyens physiques de la réalisation d'un bon swing. On voit très souvent chez les joueurs qui débutent à un âge adulte, des formes de swing qui sont le fruit de leurs limitations physiques. Ainsi un joueur ayant peu de rotation autour de sa charnière dorso-lombaire ne pourra pas croiser sa ceinture pelvienne par rapport à sa ceinture scapulaire en haut de son backswing. Il aura donc beaucoup de mal à accélérer sa tête de golf à la descente, ne profitant pas de l'élasticité des chaînes musculaires croisées. Typiquement on voit ces joueurs compenser par un transfert de poids d'un coté à l'autre, seul moyen qu'ils ont pour donner de la vitesse à leur club. Un problème est que leur axe bouge et demande précision pour revenir au point de départ afin de frapper la balle correctement. Un autre est que ce schéma possède peu de potentiel de puissance de par les structures musculaires sollicitées. Dans ce cas, leur redonner une bonne rotation est un travail de PPG qui va rendre le travail pédagogique du pro possible. Ces joueurs ne sont pas malhabiles. Ils ont trouvé une solution adaptative à leurs possibilités physiques réduites.

L'exemple de compensation considéré ci-dessus est courant mais loin d'être le seul et, chez les bons joueurs aussi, on en retrouve d'autres à des degrés moindres. L'ajustement requis est beaucoup plus fin, plus individualisé et requiert l'oeil d'un spécialiste. Cependant, la marge d'erreur autorisée au niveau professionnel est tellement faible qu'un ajustement souvent mineur fait la différence.

D'une façon grossière, un golfeur se doit de posséder un bon alignement postural afin de minimiser ces déviations d'axe lors des rotations. Il se doit d'avoir une fonction d'extension de hanche puissante et une bonne capacité de transmettre celle-ci à un membre supérieur relâché pour profiter de l'effet élastique qui conserve la séquence optimale des articulations. La nature répétitive de l'entraînement de golf tend à dévier cet alignement de l'optimal. Un travail de PPG se doit de le corriger ou le maintenir. Au delà de l'alignement, la PPG est l'ami du golfeur si elle préserve et améliore sa capacité à produire le geste juste. Il est typique pour moi de voir les joueurs réaliser leurs meilleures cartes au sortir de la préparation hivernale et de voir leurs scores se dégrader quelque peu dans l'été lorsque la PPG devient une idée plus qu'une pratique quotidienne au profit du golf.

Pour ce qui est des moyens à utiliser c'est une très longue discussion, trop longue pour cet article qui se termine mais le jogging, le vélo et les swings sur des disques instables n'en font pas parti!

La PPG c'est là que ça se gagne.

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